Chers amis paroissiens,
Après avoir longtemps réfléchi, prié et
demandé conseil, le temps est venu de vous faire part de la décision
que j'ai prise.
Pour la nuit de Noël, à l'occasion de l'ouverture solennelle
de l'année jubilaire de l'An 2000, il fallait que nous puissions
passer tous ensemble - symboliquement - la Porte Sainte que le Saint Père
ouvrira à Rome au même moment. Et il me semblait tout à
fait impossible de le faire deux fois. C'est pourquoi, tout bien pesé
et mûri dans la prière, j'ai décidé que nous
célébrerions une seule messe cette année.
En union avec Église Universelle rassemblée cette nuit-là
dans une prière plus fervente que jamais pour accueillir le Rédempteur
et Sauveur, une grande et belle veillée nous introduira au cœur
du mystère : nous serons attentifs à ce que toutes les composantes
de la paroisse puissent y trouver leur place. Puis, à minuit,
la messe sera célébrée, en français, selon
le Missel Romain de 1969, dit « de Paul VI ».
Dès cette semaine, nous nous mettrons au travail avec les différents
responsables pour préparer cette nuit qui doit être magnifique
et profonde.
Dans le même esprit, et je voulais l'annoncer en même temps,
nous ne célébrerons qu'une messe le Jeudi Saint, ainsi que
dans la nuit de Pâques. Le Jeudi Saint, parce que l'Église
demande qu'il n'y ait qu'une messe ce soir-là, à laquelle
tous les prêtres sont invités à concélébrer,
manifestant ainsi l'unité du sacerdoce, et la nuit de Pâques,
parce qu'il ne me paraît pas convenable de bénir deux fois
le feu nouveau et de célébrer deux vigiles pascales.
Cette Vigile sera donc célébrée, comme d'ailleurs
l'office du Vendredi Saint, selon le Missel de St Pie V, tandis que la
messe du Jeudi Saint sera concélébrée en français,
selon le Missel de Paul VI.
Je sais bien que cette décision risque d'en émouvoir
certains parmi vous, mais j'ose vous demander de me faire confiance. Je
connais - par cœur maintenant - les arguments que l'on pourrait développer
et discuter, aussi bien dans l'une que dans l'autre communauté liturgique
; j'imagine toutes les interprétations - contradictoires le plus
souvent - que l'on pourra en faire. Croyez bien que j'ai grandement
conscience de l'effort et du sacrifice que je demande aux uns comme aux
autres. Je le dis en tremblant, mais avec pleine assurance dans le Seigneur
: que chacun fasse silence dans son cœur pour « écouter ce
que l'Esprit dit aux Eglises » (Ap 2, 7). Il nous faut exprimer
fortement cette année que notre attachement au Seigneur et à
Son Église dépasse nos goûts, nos préférences
ou nos sensibilités liturgiques.
Non, la messe de St Pie V n'est pas « en danger » ; pas
plus que la messe en latin ou «
dos au peuple » ne représente « un retour en arrière
». Ce qui pourrait être en danger parfois, c'est notre attachement
humble et confiant à l'Église. D'ailleurs, je tiens à
le dire ici : ces dispositions - prises en accord avec notre archevêque
- ne changent en rien la nature particulière de notre paroisse.
Je sais que je peux compter sur vous tous, et déjà, je
vous remercie de votre confiance. C'est la Providence qui nous conduit,
moi comme vous tous. Il nous faut Lui obéir sans retard. Et
c'est pour être tout à fait sûr de Lui être fidèle
que nous consacrerons mercredi notre paroisse à Notre Dame Immaculée,
en même temps que nous nous consacrerons nous-mêmes à
Elle : c'est Elle désormais, et Elle seule, qui y disposera toutes
choses pour les établir en Celui qui est « le Centre du cosmos
et de l'histoire ».
Pour le 2ème dimanche de l'Avent,
Père François Potez, curé
« A la voix suppliante de Marie, Mère des peuples, que s’unissent les voix priantes des apôtres et des martyrs chrétiens, des justes de tous les peuples et de tous les temps afin que l'année sainte soit pour chacun et pour l'Eglise un motif d'espérance renouvelée et d'exultation dans l'Esprit ! »
Louange et gloire à Toi, Trinité sainte, Dieu unique et souverain !
(Prière du Pape Jean-Paul II pour le Jubilé de l’an
2000)