LE CHANT DU PATER NOSTER


Une polémique que l'on croyait terminée démarre à nouveau. Il s'agit du chant du Pater par la foule à la messe dans le rite de 1962.

Un bruit court dans le diocèse de Paris, qui dit que le chant du Pater est une tradition parisienne remontant au premier empire, et qu'il faut donc la reprendre.

Première remarque, le saint-père nous a donné l'usage des livres liturgiques romains de 1962 sans mélange de rites donc si l'on veut s'en tenir à l'indult, le missel de 1962 est parfaitement clair. Ensuite si l'on prend la cas de Chartres par exemple, il ne s'agit pas d'un pèlerinage diocésain mais international.

Deuxième remarque, j'ai consulté les livres liturgiques parisiens : dernier missale parisiense 1846, livret du Cardinal Guibert citant les usages parisiens pouvant être conservés dans le cadre du rite romain. On y trouve des choses intéressantes, en particulier les diacres et sous diacres induts, les acolytes parés, la présence de chantres en chape à la messe. Mais le Pater reste le chant du célébrant seul.

Troisième remarque, j'ai consulté d'éminents liturges parisiens ou non qui tous affirment que dans les années 50, par exemple au collège jésuite Franklin où l'on était d'avant-garde (messe face au peuple et communion debout) l'assemblée ne chantait toujours pas le Pater. En revanche, on commence à voir apparaître dans le milieu scout surtout quelques "expériences" avant qu'en 1964 apparaisse l'autorisation, qui va avec le chant du per ipsum et de l'embolisme.

De tout ceci il apparaît que la tradition française du chant du Pater est une joyeuse supercherie liturgique, comme la célébration face au peuple "immémoriale" à Chartres l'était, alors qu'on sait fort bien qu'elle fut demandée à Rome et obtenue par l'évêque liturge Mgr Harscouet.

Dans le rit romain traditionnel, comme dans le rit parisien, le Pater est trop important pour être chanté par tous. Sa récitation collective ne se fait jamais qu'en silence (début des heures, absoute etc.). S'il y a chant, au rit monastique c'est l'Abbé ou la première dignité du choeur qui le chantera, et autrement à la messe, c'est le célébrant seul. La raison théologique est que le Christ l'a récité seul devant tous. Or à la messe, à ce moment, le prêtre agit in persona Christi.

La plupart des liturgies anciennes, orientales comprises, suivent également la pratique de réserver le chant du Pater au célébrant.

L'insistance à faire chanter le Pater est manifestement une épreuve de force destinée à tester notre résistance à l'échec, quels que soient les arguments malhonnêtes avancés. Bien sûr ce n'est pas un article de foi mais plutôt le prélude à des adaptations de calendrier, suppressions d'ajouts tardifs à la messe tels que prières au bas de l'Autel, le dernier évangile et surtout l'illusoire réforme de la réforme, source de changement perpétuel.